Vitrolles envoyé spécial
Au camping le Castor, plage de l'Agneau, à Vitrolles (Bouches-du-Rhône), le gérant Pierre Ferrara voit régulièrement arriver «pas mal de gens des régions du Nord». «Du boulot, ils en trouvent par ici. Des logements, c'est plus dur.» Alors, ils débarquent chez lui, qui loue 60 emplacements en bordure de l'étang de Berre. Mobil-home ou caravane, on peut se loger pour 450 euros par mois. «Evidemment, le type habitué à vivre dans 120 mètres carrés, ça lui fait bizarre. Mais c'est plus sympa et convivial que dans beaucoup de cités, dit Pierre Ferrara. Comme un village près des zones industrielles. Et puis, on est moins regardants qu'une agence immobilière. On ne demande qu'un mois d'avance, pas de bulletin de salaire.» Il y a là des gens qui travaillent, d'autres «en fin de parcours, RMI, divorce». «Les gens ne vous disent pas "je viens parce que je suis dans la merde". Parfois, ils pensent rester deux semaines et sont toujours là six mois plus tard. Et certains y prennent goût.»
La fondation Abbé-Pierre parle d'une «situation en émergence» encore mal connue (lire ci-contre). Elle a donc lancé une étude dans les Bouches-du-Rhône, menée l'été dernier par le bureau marseillais Lieux-Dits sur le pourtour de l'étang de Berre. Six campings sur 20 y pratiquent l'accueil à l'année. Le taux d'occupation par des permanents y varie de 10 à 68 %. Durée moyenne de résidence : quatre ans. Selon le délégué régional de la fondation, Eric Fine, «certains choisissent le cam