Il y eut des débats houleux, une autre bataille et, vingt-cinq ans après la légalisation de l'avortement, une nouvelle loi. Promulguée le 4 juillet, elle instaurait notamment l'allongement du délai légal et la dispense d'autorisation pour les mineures. Aujourd'hui, quelle est l'application de la loi Aubry sur l'avortement ? Initiative rare, la Délégation aux droits des femmes a été mandatée pour en effectuer un suivi. A sa tête, Martine Lignères-Cassou, députée PS, pointait hier les nombreuses difficultés rencontrées sur le terrain.
Difficultés. L'allongement du délai de dix à douze semaines s'est heurté à la réticence de certains praticiens. Des médecins ont souligné les difficultés techniques liées à l'acte lui-même. Ainsi, selon le Syngof (Syndicat national des gynécologues et obstétriciens de France), auditionné par la délégation, «certains collègues qui acceptent de pratiquer les IVG jusqu'à dix semaines estiment ne pas avoir la formation adéquate pour les pratiquer au-delà». Selon Françoise Laurant du Planning familial, «certains chefs de service ont fait pression pour ne pas appliquer la loi, ou alors ils ont laissé faire leur service en se déclarant irresponsables».
Dans certains établissements, les délais d'attente deviennent excessifs. Soit pour obtenir un rendez-vous trois semaines en Ile-de-France , soit entre le rendez-vous et l'IVG, dix à douze jours dans le Lot-et-Garonne, jusqu'à trois semaines dans les Hautes-Pyrénées. Du coup, certaines femmes se retrouven