Tribunal correctionnel de Marseille
Il est 18 heures, l'audience n'a toujours pas commencé. Les gens s'impatientent : «C'est n'importe quoi! Et l'avocat de permanence, il a vu le dossier de mon copain cinq minutes, c'est tout!» La présidente entre en coup de vent: «Je suis d'une humeur massacrante! Vous voyez à quelle heure on commence!» Elle repart, revient et s'assied: «Le tribunal manifeste sa mauvaise humeur! Avec un peu de bonne volonté de certains, on aurait pu commencer à une heure normale!» Abdel entre dans le box, un interprète à ses côtés. «On n'a pas pu vérifier votre identité. Pourquoi n'avez-vous pas de passeport?», commence la juge. Abdel l'a laissé en Espagne «où j'ai fait ma demande de carte de séjour!», dit le traducteur. La présidente rit: «Et il vit à Marseille! C'est tout à fait logique et cohérent! Il nous dit être né en 82 à Oujda? Il doit y avoir 2 millions de personnes nées à Oujda, vu le nombre de personnes qui prétendent y être nées!» Abdel s'est servi d'une carte de séjour et de documents falsifiés et la juge demande: «Que fait-il à Marseille?». «Des ménages», répond l'interprète. «Non, s'agace la juge, pourquoi est-il ici?» Abdel fait dire: «En Espagne, je n'ai pas le droit de travailler» et la présidente proteste de la main: «Eh bien ici non plus! Ça va comme ça! On ne va pas passer des heures sur ses élucubrations invérifiables!» Six mois ferme et deux ans d'interdiction du territoire. Au tour de Malika, 39 ans, divorcée, trois enfants qui a serv