«Négligence», «précipitation», «manque évident du sens des responsabilités»: la justice a-t-elle failli dans l'affaire des disparues de l'Yonne ? Oui, assènent les membres du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), dans un rapport de 61 pages que Libération s'est procuré, un rapport accablant où est directement posée la question de la responsabilité de quatre procureurs, jadis en poste au tribunal d'Auxerre.
Ils comparaîtront à partir de lundi prochain, et pour trois jours, devant le Conseil supérieur de la magistrature et encourent des sanctions disciplinaires. En l'occurrence, pourraient être retenus contre eux des «manquements à la probité, aux bonnes moeurs ou à l'honneur».
René Meyer, Daniel Stilinovic, Jacques Cazals et Bertrand Daillie sont tous passés par Auxerre, ont tous eu à voir, de près ou de loin, avec l'affaire des disparues de l'Yonne, «un contexte criminel hors du commun», comme le notent les rapporteurs du CSM. Mais si Bertrand Daillie, par exemple, devrait être exonéré de toute responsabilité, voire félicité pour avoir rédigé en 1993 un «soit-transmis» qui a finalement permis à la Cour de cassation, le 20 février, d'enclencher les poursuites pour assassinats à l'encontre d'Emile Louis, et si Jacques Cazals est plus ou moins «blanchi», il n'en va pas de même pour René Meyer et Daniel Stilinovic. Ces deux-là portent une responsabilité directe dans l'«enlisement» de l'affaire. Peut-on pour autant parler de complot et de corruption au tribunal d'Auxerre? Si