A quelques jours de la parution de son nouveau rapport (1), le sociologue Eric Debarbieux, directeur de l'Observatoire européen de la violence scolaire, est inquiet. Dans le contexte de la campagne présidentielle, le drame d'Evreux pourrait favoriser des propositions «contre-productives» sur la délinquance.
Vous avez écrit que la «logique du fait divers» était responsable de l'inefficacité des plans antiviolence successifs. Faut-il se taire après Evreux ?
Bien sûr que non. On a même raison de solenniser ce type d'événements. Un territoire est confisqué par un groupe qui fait régner sa loi. Il y a meurtre. C'est excessivement grave. D'autant que cet événement, s'il n'est pas la règle commune, n'est pas non plus un épiphénomène. Depuis cinq ans, la violence se radicalise, et la délinquance se pratique en groupe c'est une tendance indéniable, au niveau européen. Ce que je critiquais, c'était le côté «effet d'annonce» de plans presque toujours dévoilés après que des affaires spectaculaires sont révélées. Evreux risque de pousser à la surenchère répressive.
Que craignez-vous ?
Des solutions telles que les centres de prévention fermés : il serait criminogène de socialiser des mineurs dans de tels centres. C'est la meilleure façon de fabriquer du crime. Je le redis : ce n'est pas une position baba cool. Il faut punir. Mais je dis que ça ne suffira pas. A Evreux, une quarantaine de jeunes sont directement impliqués. Réprimer ceux qui sont directement coupables du meurtre ne suffira p