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Libération

La perte de confiance, un effet dévastateur

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Les professionnels de l'écoute s'inquiètent des conséquences.
publié le 14 mars 2002 à 22h35

Clé du succès dans la lutte contre le racket : la parole. Condition de la parole : la confiance dans les adultes. C'est pour cela que la mort du père de Jimmy inquiète les professionnels de l'écoute. Car Jimmy s'est comporté idéalement : il a osé parler et, à défaut de dénoncer ses agresseurs, a désigné le lieu du délit. Car son père s'est comporté tout aussi idéalement : en déposant plainte et en assumant son rôle d'adulte, y compris physiquement.

Soupçons. «L'effet peut être dévastateur», admet Robert Thierry, proviseur du lycée professionnel Augustin-Hébert, à Evreux, où est inscrit un des deux jeunes mis en examen. «Demander aux jeunes d'accomplir leur devoir alors que l'un d'eux, qui l'a fait, a perdu son père... Comment les rassurer face au parcours du combattant qui s'ouvre aux jeunes qui parlent ? J'ai peur de réflexes de frilosité et de recroquevillement.» D'autant qu'il les avait perçus, depuis «un an environ», dans son lycée. Indice : «Les élèves venaient toujours se plaindre, mais ils ne livraient plus leurs soupçons. L'un d'eux, qui s'était fait voler son téléphone portable, m'a même dit : "C'est à vous de le retrouver. C'est votre lycée, non ?"» Il soupçonne la loi sur la présomption d'innocence : «Les jeunes en ont peut-être retenu que c'était à la police de faire tout le travail.»

Même inquiétude à Jeunes Violences Ecoute, le numéro vert antiviolence mis en place par le Conseil régional d'Ile-de-France (0 800 20 22 23). S'adressant aux lycéens, il recueille 60