Ils veulent faire quelque chose dans leur quartier contre la drogue, parce que les pouvoirs publics ne font pas grand-chose. A Paris, à deux pas de la place Stalingrad, les rues du Département, d'Aubervilliers et Caillié sont habitées par l'insalubrité, la précarité, et par de nombreux usagers et dealers de crack. C'est là que mardi soir, huit pères de famille ont fait leur première «tournée de rue». «On est quatre Français, un Africain et trois Arabes. On va sillonner le quartier tous les mardis jusqu'à l'été. On doit pouvoir se promener en toute sécurité après 21 heures. La rue appartient aux habitants. Si on rencontre des toxicomanes, on va essayer de les convaincre de sortir de la drogue. Les dealers qui sont des truands, c'est l'affaire de la police. Nous ne sommes pas une milice», déclare l'un d'eux face à une forêt de caméras.
20 heures. Toutes les télévisions sont venues filmer le départ de cette initiative déjà tentée notamment à Amsterdam et au Havre par des pères africains. «CNN vient d'appeler ! Notre initiative locale à une résonance internationale», se réjouit François Nicolas, son concepteur. «Nicole Maestracci (présidente de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, Mildt) va faire une de ces têtes !» Après avoir mis au monde des triplés, ce musicien cinquantenaire a immigré dans ce quartier populaire à la recherche d'un plus grand appartement. Ancien mao, éducateur, il est l'idéologue de cette action. Dans sa ligne de mire, la