C'est fragile, une équipe enseignante qui fonctionne bien. Encore plus fragile quand son mode de fonctionnement exige une façon de travailler et un degré d'implication différents de ce qui est normalement requis. Les enseignants de l'école des Bourseaux, à Saint-Ouen l'Aumône (Val d'Oise), le savent. C'est pour cela qu'ils ont peur de ce que leur réserve l'administration pour la rentrée prochaine.

Depuis vingt ans, cette école pratique une pédagogie différente: les salles n'ont pas de porte et les enseignants comme les élèves ­ regroupés par tranche d'âge et non par classe ­ circulent de groupe en groupe, en fonction des rythmes d'apprentissage et des compétences de chacun. Chaque année, les 310 élèves partent ensemble en voyage scolaire. Cette façon d'enseigner repose sur une forte implication de l'équipe, uniquement composée de volontaires. Jusque-là, ils étaient choisis parmi les enseignants ayant préalablement suivi un stage dans l'école. «C'est un filtre», assume Patrick ­ un des enseignants ­, indispensable pour s'assurer que les nouveaux venus adhèrent au projet. L'académie veut le supprimer.

«Mouvement». Motif: comme tous les établissements innovants, les Bourseaux recrutent sur des postes à profil. C'est-à-dire en marge du «mouvement» qui régit les affectations des enseignants. Le «mouvement» est une gigantesque bourse d'échange: si vous voulez bouger, vous postulez sur des postes libérés par d'autres qui veulent bouger et qui peuvent postuler sur le poste que vous qu