Ses cheveux sont tirés en un chignon sévère. Jeudi, au tribunal correctionnel de Nanterre, El- Batol, Marocaine et sans-papiers, a fait face à trois hommes, trois policiers. Deux sont prévenus d'agression et de harcèlement sexuels à son encontre «par personnes abusant de l'autorité que leur confère leur fonction». Le troisième est là pour n'être pas intervenu.Les trois ont entre 40 et 50 ans, sont mariés et pères de famille. Ils sont suspendus de leurs fonctions depuis le début de l'affaire. Francis, un petit rond moustachu, touche un demi-traitement. Les deux autres, Serge et Thierry, sont payés à plein traitement, «sans les primes», précisent-ils.
«Ils m'ont draguée.» L'histoire remonte au 13 septembre 1998. El-Batol a 30 ans, elle a été arrêtée cinq jours plus tôt comme tant d'autres à la préfecture en répondant à une convocation. Elle est amenée dans des bureaux aménagés, qui, à Nanterre, font office de centre de rétention.
Devant le tribunal, elle montre Francis: «Je mangeais, il m'a posé des questions, deux autres sont arrivés. Ils m'ont draguée. Il m'a dit que j'étais belle et charmante, il a dit: "J'aime bien les Marocaines."» Faux, contestent les policiers. Et le juge s'étonne: «C'est courant au centre de rétention que trois policiers regardent le retenu manger?» Les policiers: «Nous avons pour consigne d'engager la discussion avec les gens. On a parlé de son séjour en France, de ses papiers, de la vie de famille, mais pas de sexe!»
El-Batol désigne Serge: «Un des