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Libération

Un mal rare pour quelques kilos de trop

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Attaqué par l'utilisatrice d'un coupe-faim, un laboratoire fait appel.
par Matthieu Bonduelle
publié le 23 mars 2002 à 22h42
(mis à jour le 23 mars 2002 à 22h42)

Mourir pour maigrir. Ou presque. La troisième chambre civile de la cour d'appel de Versailles a examiné, vendredi, l'appel des laboratoires Servier, condamnés en décembre 2000 à verser 349 000 euros de dommages et intérêts à Anna Paulos, victime de l'Isoméride, un «coupe-faim» autrefois distribué par le groupe pharmaceutique et depuis retiré du marché pour cause de risque de toxicité.

52 kilos. L'histoire d'Anna Paulos est édifiante. En 1991, elle a 29 ans : elle vient d'avoir un enfant et elle travaille comme femme de ménage dans un cabinet d'avocat. Elle n'est pas très grande et pèse 52 kilos. Bref, une simple et très légère surcharge pondérale. Anna Paulos suit pourtant un traitement à l'Isoméride, un anorexigène très à la mode. Trois ans plus tard, elle apprend qu'elle souffre d'hypertension artérielle pulmonaire, maladie rare et mortelle. Et elle doit subir une greffe des poumons et du coeur. On le devine, vendredi toute la question a été de savoir si l'Isoméride est la cause certaine de la maladie d'Anna.

D'abord, le groupe pharmaceutique s'est montré modeste, relativisant la portée des études réalisées dont ne se dégagerait qu'une «association statistique» suggérant une relation causale entre ce type d'hypertension et la prise de ce médicament. Rien de plus. Le laboratoire n'aurait retiré le médicament du marché en 1997 «qu'en application du principe de précaution». Il n'empêche, pour Me Philippe Cariot, avocat d'Anna Paulos, il n'y a aucun doute : le lien est clair. Ma