Avocate et présidente de la fédération de Paris de la Ligue des droits de l'homme, Dominique Noguères soutient depuis plus de cinq ans la lutte pour la régularisation des sans-papiers.
On parle peu des sans-papiers. Leur situation se serait-elle améliorée ?
Non. Et cette marche nationale de Marseille à Paris est une manière de le dire. La gauche prétend avoir trouvé une solution juste et efficace. C'est comme ça que les sans-papiers sont passés à la trappe. Il n'y a rien sur eux dans les programmes politiques. C'est très inquiétant. Car, ni la circulaire de 1997, ni la loi Chevènement n'ont réglé ce problème. Le regroupement familial reste dur à obtenir, le droit de vivre en famille n'est pas toujours respecté, les gens subissent des délais d'attente très longs. L'administration n'a jamais été aussi tatillonne. Chaque fois que j'accompagne quelqu'un à la préfecture, j'ai l'impression qu'il y a de nouvelles exigences. Les reconduites à la frontière continuent, les arrestations au guichet des préfectures existent toujours.
Pourquoi passe-t-on aujourd'hui sous silence ce qui était dénoncé hier ?
Personne n'a envie de mettre ce débat sur la place publique pendant la campagne. On ne veut surtout pas en parler. Les sans-papiers sont doublement absents : d'abord par la volonté des hommes politiques, qui craignent de paraître laxistes, et ensuite parce que la lutte des sans-papiers n'a plus de relais efficaces. Même si les collectifs existent, les soutiens, actifs dans les années 1996,