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Libération
Interview

«Il y aura une nouvelle régularisation»

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publié le 25 mars 2002 à 22h42

Avocate et présidente de la fédération de Paris de la Ligue des droits de l'homme, Dominique Noguères soutient depuis plus de cinq ans la lutte pour la régularisation des sans-papiers.

On parle peu des sans-papiers. Leur situation se serait-elle améliorée ?

Non. Et cette marche nationale de Marseille à Paris est une manière de le dire. La gauche prétend avoir trouvé une solution juste et efficace. C'est comme ça que les sans-papiers sont passés à la trappe. Il n'y a rien sur eux dans les programmes politiques. C'est très inquiétant. Car, ni la circulaire de 1997, ni la loi Chevènement n'ont réglé ce problème. Le regroupement familial reste dur à obtenir, le droit de vivre en famille n'est pas toujours respecté, les gens subissent des délais d'attente très longs. L'administration n'a jamais été aussi tatillonne. Chaque fois que j'accompagne quelqu'un à la préfecture, j'ai l'impression qu'il y a de nouvelles exigences. Les reconduites à la frontière continuent, les arrestations au guichet des préfectures existent toujours.

Pourquoi passe-t-on aujourd'hui sous silence ce qui était dénoncé hier ?

Personne n'a envie de mettre ce débat sur la place publique pendant la campagne. On ne veut surtout pas en parler. Les sans-papiers sont doublement absents : d'abord par la volonté des hommes politiques, qui craignent de paraître laxistes, et ensuite parce que la lutte des sans-papiers n'a plus de relais efficaces. Même si les collectifs existent, les soutiens, actifs dans les années 1996,