Tribunal correctionnel

de Nice

Une avocate blonde claque deux bises au policier, familière : «Salut, toujours pas à la retraite ?» Dans le box, il y a trois prévenus menottés, la première à se lever c'est Thy, bien habillée, cheveux courts, ongles laqués et oeil hagard. Vietnamienne, 35 ans, elle a été arrêtée à l'aéroport avec un faux passeport. «Elle est en France depuis quinze jours, traduit l'interprète, elle a acheté le passeport 200 dollars et voulait aller à Londres pour travailler.» La procureure se lève : «Au contrôle, à Nice, elle était avec deux mineurs qui, eux, ont été placés. Tout cela fait fortement penser à une filière d'immigration clandestine.» Thy tend l'oreille, le traducteur ne traduit pas. La procureure continue : «Je vous demande six à huit mois de prison et trois ans d'interdiction du territoire.» L'avocate ouvre de grands yeux : «Mais elle devrait être traitée en victime, pas en prévenue ! Elle a été trimbalée de ci de là, sans avoir le choix, sans rien comprendre ! Et puis les policiers ont intercepté trois immigrés clandestins, mais certainement pas la personne qui est responsable de ce trafic ! En quoi la société trouverait-elle son compte à mettre cette malheureuse en prison alors que, de toute façon, elle va être reconduite à la frontière ?» Un mois ferme, trois ans d'interdiction du territoire. Salim, 19 ans, s'approche de la barre. Il y a six mois, sur la promenade des Anglais, il a fui sur un scooter en voyant les policiers. Il a enfilé plusieu