Ils se disent énervés, écoeurés, et surtout très inquiets de l'allure que prend le débat public général sur la question de la jeunesse et de la délinquance des mineurs. Sous la houlette de l'Association française des magistrats de la jeunesse et de la famille (AFMJF), un groupe de professionnels de l'enfance a décidé de s'inviter dans la campagne électorale, en travaillant à la rédaction d'une plate-forme qui sera envoyée à tous les candidats. Ils sont magistrats et éducateurs, mais aussi commissaires de police, principaux de collège, élus locaux ou responsables d'associations. Au-delà de leurs di vergences ponctuelles, les membres du groupe partagent cette idée : «Le discours politique sur la jeunesse ne peut se réduire à une stigmatisation de la délinquance juvénile à laquelle on promet une délinquance zéro. Il doit proposer un projet collectif, défendu par des responsables crédibles et non discrédités. Une société qui désespère sa jeunesse est une société sans avenir.»
Folie. Or, jour après jour, ils entendent marteler que la sécurité est la préoccupation numéro un des Français. Qu'au nom de ça, les partis uniformisent leurs positions. Il n'y a plus de limites, de barrières. «Dans la folie du débat actuel, plus personne ne prend ses responsabilités, et tous les cadres éclatent», explique Thierry Baranger, président de l'AFMJF. Et finalement les professionnels se sentent soumis à une injonction : aller dans le sens du sécuritaire, prendre des mesures et réorganiser leur tra