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Libération

Les filles Distilbène demandent justice

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Le médicament prescrit à leur mère enceinte a été interdit en 1976.
publié le 30 mars 2002 à 22h45

Pendant deux heures, ils se sont battus point par point quant aux conclusions d'études de toxicité sur des visons ou des poulets ; d'enquêtes épidémiologiques vieilles de trente ans ; ou encore de rapports d'experts. Vendredi, devant la première chambre civile du tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine), était jugée la plainte de deux jeunes femmes contre le laboratoire UCB Pharma, fabricant du Distilbène. Depuis les années 40, cet oestrogène de synthèse a été largement prescrit aux femmes enceintes pour prévenir les fausses couches. Avant d'être interdit aux Etats-Unis en 1971 puis en France six ans plus tard, à la suite de cas de cancers et de malformations génitales chez les filles des patientes traitées.

Stérilité. La procédure jugée vendredi a débuté en 1991, retardée par la traduction de travaux scientifiques et par un rapport d'experts qui a duré quatre ans. «Dès 1953, un auteur montrait que ce produit n'était pas efficace, a insisté Me Anne Sourcis, l'une des deux avocates des plaignantes. Et le laboratoire aurait dû se préoccuper du problème bien avant, puisque, déjà en 1948, paraissait un article recensant tous les dommages causés chez les animaux et les humains !» Et de citer des passages dudit article, et de ceux qui ont suivi et ont mis en cause l'hormone dans diverses maladies animales ou humaines. Avant d'évoquer enfin la souffrance des deux femmes, victimes vers 20 ans d'un cancer des voies génitales, qui les laissera définitivement stériles, s