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Libération

Dans les quartiers, à chacune son voile

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Au-delà des motivations religieuses, il sert aussi de rempart contre le machisme.
publié le 1er avril 2002 à 22h54

Les filles voilées sont-elles plus nombreuses dans les cités ? «En ce moment c'est une forme de mode, les filles s'y mettent.» Nora, 23 ans, habite à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). «On dirait une épidémie. On ne voit pas forcément ces filles à la mosquée, certaines le font comme ça... Tu leur demandes et elles ne sont même pas capables de te dire pourquoi.» Mais Nora ne veut pas y voir qu'un engouement vestimentaire. Elle estime aussi que la pratique de l'islam s'est banalisée. «Du temps de mes frères, ils ont plus de 30 ans, ça faisait peur, poursuit-elle. Maintenant, il y a des mosquées un peu partout, mixtes, c'est quelque chose de naturel, il y a de plus en plus en plus de musulmans, on peut partager nos points de vue. Vers 20 ans, on prend conscience de la vérité de la religion, c'est l'âge où on veut fonder une famille, on se pose.» C'est l'âge auquel elle-même a commencé à porter le voile.

«Tranquillité». «Je ne crois pas qu'il y ait plus de filles voilées qu'avant dans les quartiers, nuance Nadjet, qui vit à Bondy (Seine-Saint-Denis). Mais celles qui le sont, leur corps est complètement couvert. Disons qu'elles le sont à l'extrême. Et qu'on les remarque peut-être plus.» Des silhouettes, tout en noir, à l'iranienne, sont apparues. «Ici, dans la cité des 4 000 à La Courneuve, il y en a 4 ou 5 en noir, pas plus, observe Mimouna. Mais des foulards, oui, il y en a beaucoup.» Certains y voient le signe des progrès de l'islamisme radical en banlieue (lire ci-contre).