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Libération

«Vous avez les nerfs ?» «Oui, quand je vois des gendarmes !»

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publié le 1er avril 2002 à 22h54

Tribunal correctionnel de Blois

Olivier, 30 ans, blouson noir et bottes, s'avance vers la barre et pose son casque par terre. Il y a trois mois, au petit matin, il a eu un accident, ivre, sur sa moto. Le juge hausse les sourcils : «Monsieur, votre permis est suspendu, je suis étonné de vous voir avec un casque !» Olivier sourit : «Je ne me sers plus de ma moto ! J'ai acheté un scooter !» C'est l'audience de la délinquance routière, on en est au 30e prévenu et le procureur est exaspéré : «Ces faits sont inadmissibles, je vous demande un mois avec sursis et huit mois de suspension du permis.» Olivier explique : «On avait fait la fête. J'ai dormi et quand je me suis levé, je pensais vraiment avoir éliminé tout l'alcool. Et puis non !» Six mois de suspension.

Après lui, c'est Serge, 50 ans, cramoisi, qui a roulé avec un coup dans le nez. «Je vais travailler en mobylette, maintenant», annonce-t-il. «Ah, ça fait réfléchir, hein », observe le juge et Serge reprend : «J'ai ma femme qui est handicapée, alors tout ça pour demander un permis blanc (permis aménagé, ndlr) !» Cinq mois de suspension.

Ça continue avec Pierre, 40 ans, conducteur d'engins, déjà quatre fois condamné pour conduite en état alcoolique. «C'est une catastrophe, monsieur, relève le juge, vous en avez conscience ? Et en plus vous demandez un permis blanc !» Il se gratte la tête : «Que va-t-on faire de vous, monsieur ? Vous envoyer en prison ?» Et Pierre se récrie : «Ah ! non, je bois plus ! Et mon patron voudrait bien