Lyon envoyée spéciale
«Avant tout, j'aimerais dire quelque chose, si vous le permettez. Si je suis ici, ce n'est pas par plaisir, mais par nécessité. Je suis innocent, j'aimerais le faire comprendre à la cour.» Patrick Dils y tenait, hier, à prononcer ces mots, un peu solennels. Mais la situation était périlleuse. Il avait à expliquer à la cour d'assises de Lyon pourquoi, s'il est innocent, il s'est accusé, seize ans auparavant, du meurtre de deux enfants. Non pas une seule fois, mais six fois. Et des aveux réitérés, précis. Si troublants qu'ils ont entraîné deux condamnations, à la perpétuité en 1989, à vingt-cinq ans de réclusion en 2001.
«Vous avez peut-être un homme devant vous, poursuit Dils, qui a 31 ans aujourd'hui, mais j'ai gardé un coeur d'enfant, les yeux d'un enfant, les paroles d'un enfant. Je vais parler.
C'est parfait, on va donc remonter le temps», propose la présidente.
Le 28 avril 1987, sept mois après la mort dans la banlieue de Metz de Cyril Beining et d'Alexandre Beckrich, à l'âge de 8 ans, Dils est placé en garde à vue. Il a seize ans et demi, il est apprenti cuisinier. Les policiers de Metz le soupçonnent parce qu'il a un trou dans son emploi du temps. Son père avait dit aux enquêteurs qu'il s'était absenté un quart d'heure. Lui n'a su dire ce qu'il avait fait que pendant cinq minutes. Il en manque dix.
«Imaginons, garçon.» Debout dans le box des accusés, son micro à la main, Dils raconte. C'est un piège qu'il décrit, tendu par les policiers. Il récite pa