Un débat interne assez vif secoue le mouvement Emmaüs, depuis l'arrestation du Dr Michele D'Auria, «le médecin des pauvres» qui a exercé pendant sept ans dans les centres d'accueil de SDF, gérés par l'association à Paris. Depuis le 23 février, l'homme est détenu à la prison de la Santé à Paris, à la suite d'une demande d'extradition de l'Italie pour sa participation à quatre hold-up (lire ci-dessous).
Au titre des services rendus au mouvement et aux plus démunis, une partie du personnel pousse désormais pour qu'Emmaüs «s'engage» en tant qu'institution aux côtés du médecin, «en exprimant un soutien public». Ils souhaitent aussi que l'abbé Pierre, dont le Dr Michele D'Auria était également le médecin personnel, mette son poids moral dans la balance. Mais tant la direction nationale que la structure internationale du mouvement freinent des quatre fers.
«Ils ont la trouille que cette affaire ternisse l'image d'Emmaüs, que le mouvement soit associé à un scandale, que ça décourage les donateurs», affirment les contestataires. Au plus haut niveau, on redoute aussi que l'abbé Pierre soit «instrumentalisé par les médias». Des précautions particulières sont prises pour le tenir à l'écart du dossier. Ainsi, le comité de soutien qui s'est constitué autour de Michele D'Auria n'a jamais pu rencontrer l'abbé. «Autour de lui, des gens veillent pour éviter les contacts», raconte un salarié d'Emmaüs Paris.
Deux des trois avocats du médecin, Me Jean-Jacques De Felice et Me Irène Terrel, sont tout