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Libération

Le cannabis, ça relaxe au tribunal

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A Versailles, un trio comparaissait pour des bijoux ornés de la feuille.
par Matthieu Bonduelle
publié le 13 avril 2002 à 23h02

Au tribunal de Versailles, on ne rigole pas avec «les jeunes shiteux», comme dit le substitut Pierre-Yves Calais. Mercredi après-midi, l'audience de la huitième chambre correctionnelle leur était presque entièrement dédiée. Après trois heures d'un défilé d'usagers, c'est un trio d'hommes âgées de 40 à 50 ans qui comparaît. L'un est propriétaire d'un «bric-à-brac», les autres gèrent une société de vente d'objets figuratifs. Le premier est le client des deux autres. Tous trois sont prévenus de «complicité de provocation à l'usage de stupéfiants» et de «présentation de l'usage de stupéfiants sous un jour favorable». Ils risquent cinq ans de prison et 7 5 00 euros d'amende.

En 1996, lors d'une perquisition chez le grossiste, les policiers avaient trouvé des bijoux fantaisie (colliers, bracelets, pendentifs...) représentant une feuille de cannabis et des briquets à l'effigie de Bob Marley... fumant un joint. Le parquet n'a pas classé l'affaire. «Nul n'est censé ignorer la loi», mais tout le monde n'est pas censé savoir à quoi ressemble la plante de cannabis, se défendent en substance, les trois hommes. L'un d'eux dit avoir découvert ce qu'était la feuille à sept lobes au commissariat, sur un poster. Interrogé par les policiers sur l'écoulement des bijoux, il aurait dit : «Ce produit se vend bien.» Traduction policière : «La feuille de cannabis se vend bien.» Le substitut avance : «Pourquoi ce n'est pas du muguet ou des roses alors ?» «Peut-être y a-t-il une raison esthétique...»,