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Libération
Reportage

Insécurité, Paroles de quartiers

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Dans trois arrondissements, la violence telle qu'elle est vécue par les Parisiens .
publié le 15 avril 2002 à 23h02

Un mot. Ingrid, une dame au pull-over rouge, la cinquantaine, s'interroge sur un mot. Elle se demande ce qu'on entend par «tranquillité». Scène presque incongrue, ce jeudi, 19 h 30, dans une salle de la mairie du XXe arrondissement, où une trentaine de personnes sont réunies autour d'une table pour la commission «quartier tranquille». Une manière déguisée de parler de l'«insécurité». Comme Ingrid, d'autres Parisiens ­ dans d'autres conseils de quartier où Libération s'est rendu pour entendre ce que disent vivre quotidiennement les habitants ­ veulent peser leurs mots. Parce que l'insécurité, c'est un mot chargé. Un problème, mais aussi un fourre-tout.

XXe: «J'ai des effectifs limités, je vais à l'essentiel»

C'est ce que craint Ingrid. Dans cette réunion, elle dit avoir peur que chacun parle pour «sa chapelle». Depuis la hauteur de sa fenêtre. Elle sent que les définitions dépendent des visions, de l'expérience des uns et des autres. Différentes. Tant pis, elle parle pour elle. Elle voudrait raconter la «zone de non-droit» de la rue des Couronnes. Sa «zone». Les bistrots, les klaxons, le blocage des rues, jour et nuit. «Ça devient intolérable pour les riverains, des gens ne peuvent pas dormir.» Ingrid reprend. Ce qui la dérange ? Un peu tout. Les matchs de foot dans les cafés ­ «vous savez, quand les buts ont été marqués, c'est des cris, ça remonte dans tout l'im meu ble» ­, les «gens qui fument le narghilé dans les bars»... Plus tard, elle rectifie : «Qu'on fume le narghilé, ç