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Libération

Juifs et Arabes de France face à leur frange dure

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Commandos du Betar et extrémistes propalestiniens ont perturbé les manifestations de ces derniers jours.
publié le 22 avril 2002 à 23h06

Roland Claverie, visage blanc, demande si le journal l'Humanité a été prévenu. Une heure plus tôt, vendredi après-midi, ce sexagénaire s'était assis pour lire le journal, sous des photos rapportées par lui et d'autres de Cisjordanie, au rez-de-chaussée d'un squat artistique, rue de l'Equerre à Paris, dans le XIXe arrondissement. Photos de voyage ­ paysages, femmes, enfants ­ prises sur place par une délégation du Mouvement de la Paix, avant le déclenchement de l'opération «Rempart» par l'armée israélienne. Un commando est entré. Des jeunes, à visage découvert. Une dizaine. «Il y en a un qui m'a attrapé par le col, il m'a mis un poing américain sous le nez, il m'a dit : "Si tu bouges, je te pète la gueule." Evidemment, je n'ai pas bougé.» Un jeune lui renverse une bouteille de cassis sur le dos. Les autres s'occupent des photos. Ils taguent des étoiles de David. Restent moins d'une minute et disparaissent. Roland Claverie n'entend aucun slogan. Juste cette remarque : «Qu'est-ce que c'est que ces photos de merde?» «Pourtant c'est une démarche de rencontre qu'on a eue, expli que le militant. C'est pas "Hezbollah vaincra". Regardez notre affiche , c'est "Une paix juste entre Israéliens et Palestiniens".»

Pour les membres du squat, aucun doute, «c'est un coup du Betar». Ces derniers temps, on prête beaucoup au Betar ­ mouvement de jeunesse musclé lié à la droite israélienne. L'organisation a démenti, hier, toute implication dans le saccage de la rue de l'Equerre. Jusqu'à présent,