Nancy envoyée spéciale
Dans le box des accusés de la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle, Nadir Sedrati, 64 ans, chemise blanche et cravate, n'a nulle envie de «parler de sa vie». Il le dit à la présidente, Elisabeth Blanc : «Vous la connaissez, ma vie, madame la présidente. Il n'y a pas de raison de chercher dans le passé des circonstances atténuantes. Je n'ai rien fait.» Jugé pour l'assassinat de trois de ses anciens codétenus de la prison Saint-Mihiel (Meuse), soupçonné d'avoir découpé les corps de deux d'entre eux, puis de s'en être débarrassé dans un canal de la région nancéienne, Nadir Sedrati nie tout. Il a un argument, répété à l'envi au long de ce premier jour d'audience : «Je suis un escroc, et un escroc, c'est un manipulateur, un malin, sûrement pas un tueur. Madame la présidente, est-ce que, dans toutes les prisons, vous avez déjà vu un escroc tuer pour de l'argent ?» Nadir Sedrati est lancé, rien ne peut l'arrêter : «Effectivement, je prends les papiers de certaines personnes. J'ai pris des dizaines, des trentaines, des cinquantaines d'identité. Mais je n'ai pas besoin de tuer les gens pour ça ! Dans tous les papiers que j'ai pris, il est possible qu'il y ait des gens qui aient disparu...»
Décharge. Mais c'est une autre histoire que la cour vient d'entendre avec la lecture de l'arrêt qui a renvoyé Sedrati aux assises. Le 30 mai 1999, dans le canal de la Marne au Rhin, un pêcheur trouve un pied droit. Les jours suivants, dans le même canal, sont découverts une têt