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Libération

Trois cercueils sur la ligne 183

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Les victimes de la Porsche ont été enterrées vendredi à Vitry.
publié le 1er juin 2002 à 23h47

De Vitry-sur-Seine à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne), les habitants sont venus vendredi matin par le bus 183, enterrer Jenny Canaldo, 29 ans, Anaëlle, 5 ans, et Maëva, 3 ans. La mère et ses deux filles ont été percutées dimanche, sur la même ligne de transport, par une Porsche lancée à plus de 100 km/heure. Un long cercueil de chêne et deux petits cercueils blancs, noyés de fleurs et de pleurs, face à Bruno, crâne rasé et sanglots rentrés, et son bébé de 14 mois Gabriel, blessé dans l'accident : «Jenny, la femme la plus gentille, la plus belle que je connaissais, on la surnommait mère Teresa. On projetait d'aller à la Guadeloupe, de se marier... Anaëlle et Maëva étaient les plus belles choses que j'ai faites...»

Révolte. Entre tristesse et colère, 2 000 hommes, femmes et enfants, massés sur la place de l'église Saint-Louis, au milieu des tours HLM et des commerces aux rideaux baissés, ont écouté l'office religieux diffusé par haut-parleurs, et le prêtre évoquer «la révolte en beaucoup de nous». Agathe, 38 ans, serre contre elle ses jumeaux de 4 ans, scolarisés dans la même maternelle qu'Anaëlle : «Cela nous laisse tous ébahis. J'y pense tous les jours en prenant le 183. Pourquoi ce monsieur a pris ce couloir de bus ?» Une autre mère s'insurge: «La route, c'est pas un terrain de jeu. Comment des jeunes comme ça peuvent avoir une Porsche ?» Les agents de la RATP en costumes kaki, collègues de Jenny Canaldo, chef de station à Paris, déposent une gerbe «Métro ligne 4» à côté de cell