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Libération

«Je ne peux pas être un modèle, je me suis trompé»

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Au premier jour de son procès, le récit du parcours du «lieutenant de Mesrine» a captivé la cour.
publié le 5 juin 2002 à 23h49

Cour d'assises de Paris, 10 heures, mardi, un homme aux cheveux gris se glisse discrètement dans le box des accusés, veste noire à col Mao et chemise immaculée, un petit gabarit de 1 m 60 et de 55 kg entre deux gendarmes imposants. «Je m'appelle François Besse, je suis né le 24 juillet 1944 à Cognac de Marcelle Besse et de Francesco Esposito». Profession ? «Electricien.» Mine chafouine et contrite, ce «grand évadé» ­ selon les mots de son avocat Henri Leclerc ­, qui a passé dix-sept ans au total en prison (dont dix dans les quartiers de haute sécurité, QHS) et s'en est échappé six fois, ne fanfaronne pas, malgré son équipée avec le braqueur Jacques Mesrine en 1978, mais analyse d'une voix douce la genèse de ses années folles.

Enfant naturel. Fils d'une femme de ménage et d'un «manoeuvre», François Besse a grandi «dans une famille recomposée» avec deux aînés du premier mariage. Son demi-frère Michel est «caractériel» à cause du suicide de son père en 1941 : «Ma mère était allée ravitailler ses parents en vélo à Angoulême sans son autorisation de circuler et son mari serbo-croate a paniqué, a pensé que sa femme ne reviendrait jamais et a avalé de l'acide». Marcelle trouve un nouveau compagnon, Francesco Esposito, un réfugié républicain espagnol. «Ils ont vécu ensemble et ils m'ont conçu.» Déjà marié et condamné à mort en Espagne, son père ne peut pas reconnaître en France François et sa soeur Noëlle. L'enfant naturel, pas doué et «indolent» à l'école, «chétif» même «rachitique»