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Libération

«Il n'est pas facile de juger le desespoir»

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Annie a raté son suicide après avoir défenestré ses deux enfants. Elle a été condamnée vendredi à six ans de prison.
publié le 8 juin 2002 à 23h52

Dylan, 6 ans, s'est écrasé le premier sur le trottoir, jeté du troisième étage de cet appartement de la rue des Plâtrières (Paris XXe), vers 2 heures du matin. Puis sa soeur, Cheyenne, qui allait sur ses 3 ans. Et, enfin, celle qui les avait lancés par la fenêtre, s'est à son tour jetée dans le vide : Annie Le Diouron, leur mère. Etrangement, les pompiers avaient été appelés par cette dernière pour «empoisonnement médicamenteux», mais elle avait donné l'adresse de son ex-ami, Alain, rue de Ménilmontant ; c'est lui qui a donné la bonne adresse. Quand ils sont arrivés, les pompiers ont vu tomber Cheyenne et leurs mots n'ont pas pu retenir la mère, déterminée à rejoindre ses enfants. Dylan est mort. Cheyenne a survécu, la mère aussi. Cela aurait pu être une brève en page faits divers : une femme se jette par la fenêtre avec ses deux enfants, trois morts. C'est une horreur judiciaire. Trois ans presque jour pour jour après les faits, Annie Le Diouron comparaissait hier et avant-hier devant la cour d'assises de Paris. Pour meurtre et tentative de meurtre. Mais ces mots sonnent mal.

«Flashes». Que s'est-il passé cette nuit du 2 au 3 juin 1999 ? On ne le saura pas. «Une part de sa vie s'est arrêtée là», dira le Dr Franz Prosper, «après un tel choc, l'oubli est fréquent». Annie a rayé cette soirée de sa mémoire, il n'en reste que quelques «flashes». Dans l'appartement en désordre, la police retrouvera la télé en marche, des restes de Kronenbourg, des boîtes entamées de Prozac, de Le