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Libération

Le dilemme philosophique de Luc Ferry

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Fâcher les profs ou désavouer les nouveaux programmes? Le ministre doit trancher.
publié le 13 juin 2002 à 23h55

Pour sa première décision, Luc Ferry va devoir choisir : se renier ou s'exposer à l'ire de la majorité des professeurs de philo. Hier, le ministre de l'Education nationale planchait sur un sujet explosif : comment sortir des trois années de crise qui ont accompagné la dernière tentative de réforme des programmes. Il avait pour cela convié 22 acteurs du débat choisis selon une subtile alchimie, «le nom bre de pour et de contre étant équivalent», selon le ministère. Pas d'annonce pour l'instant : «Le ministre veut écouter tout le monde et permettre aux élèves de passer leur épreuve dans la sérénité.» Décryptage d'une décision piégée.

Le contexte : la liberté philosophique

La philosophie est une discipline à part : son objet se confond avec son exercice. Pour de nombreux enseignants, on transmet la philosophie en la pratiquant (ils sont «enseignants-philosophes»). A la différence des autres disciplines : un professeur de mathématiques enseigne sa matière, il ne la pratique pas avec ses élèves. Les programmes incarnaient cette spécificité depuis 1973. Ils consistaient en une trentaine de notions telles que «la conscience», «le langage» ou «le temps», assorties d'une liste d'auteurs. A charge pour chaque professeur de construire un parcours dans ces notions. C'est ce que les enseignants appellent la «liberté philosophique».

L'objet du délit : le «programme Renaut»

Publié en juillet 2001, un nouveau programme conçu sous la responsabilité d'Alain Renaut ramène le nombre de notions à di