Jeudi 20 juin. Il est 22 h 00. Une quarantaine d'Africains sont rassemblés place Armand-Carrel, devant la mairie du XIXe arrondissement. Ils en sont chassés comme du bétail par des policiers en grande forme. Sort qu'ils ont déjà connu dans l'après-midi en étant expulsés du taudis qu'ils squattaient au 8, passage de la Brie. Dans l'après-midi, l'architecte de la préfecture de Paris avait déclaré inhabitables les lieux. L'escalier s'était écroulé la veille, l'immeuble menaçait de s'effondrer.
Consigne. Hommes, femmes et enfants se sont retrouvés à la rue sans qu'on leur laisse le temps d'emporter quoi que ce soit. Quatre familles ont été orientées vers un centre d'hébergement d'urgence. Les autres ont eu droit, pour solde de tout compte, à une liste d'hôtels du quartier et un billet de 50 euros.
Une vingtaine de gardiens de la paix ont été mobilisés pour surveiller les expulsés, réunis devant la mairie. Parmi eux, de sérieux candidats aux premières bavures de l'ère bleu marine. Sous les yeux sidérés de riverains qui tentent de réconforter les familles abandonnées, les policiers foncent dans le groupe sans sommation, bousculant de jeunes hommes qui crient leur indignation, des femmes couchées qui hurlent de peur. Un officier expliquera qu'il a eu pour consigne de faire évacuer les abords de la mairie. Claude Sergent, élu Vert de l'arrondissement, est présent et s'étonne que la police n'ait pas tenté une intervention sans violence : «Ce sont peut-être les méthodes Sarkozy.»
Chassé