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Libération

«C'est très inquiétant, leurs casiers sont vierges»

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publié le 1er juillet 2002 à 0h15

Tribunal correctionnel de Carpentras

Trois jeunes cambrioleurs sont dans le box. Il y a un mois, Julien, Farid et Régis, 22 ans, 19 ans et 18 ans, ont cambriolé une villa de Bollène (Vaucluse) et se croyaient tranquilles ; mais quelqu'un a dénoncé Farid : «Apprenant que celui-ci était en garde à vue, les deux autres ont jeté le butin dans le Rhône», lit la présidente. Elle lance à Farid : «Vous êtes un connaisseur, dites-moi ! Vous aviez tout organisé avec votre pied de biche !» Farid n'est pas bien malin : «Pas du tout ! Un pied de biche, tout le monde en a un chez soi !» Régis, de qui le procureur pense qu'il a fait le guet, assure : «Je les ai suivis, mais je ne voulais pas participer ! J'ai attendu qu'ils ressortent, assis sur le trottoir, devant la villa.» Le procureur persifle : «Pendant deux heures et demi e? Eh bien ! Le temps ne vous a pas paru trop long ?» Il regarde Farid. «Comment fait-on quand on n'est pas un habitué pour mentir aux gendarmes pendant vingt-quatre heures de garde à vue ? Et tout à l'heure, devant moi, pour affirmer: "J'ai rien fait, mes copains sont des menteurs."» La victime, un expert géomètre, s'avance : «Je suis navré de voir des jeunes qui travaillent ou sont au lycée se compromettre dans des choses aussi ignobles ! La maison a été mise à sac ! C'est dix ans de boulot. On bosse, nous ! On n'est pas aux 35 heures !» Le procureur se lève : «C'est très inquiétant. Leurs casiers sont vierges. Ce sont des gamins qui ne sont pas du tout en état de