Subversif rigoriste. Et toujours chaleureux. C'était Laurent Schwartz, mathématicien de classe mondiale et pétition naire redoutable. Il est décédé le 4 juillet, annonçait hier sa famille. A 87 ans, la vie de cet élégant chercheur et militant passionné se confond avec un siècle de science et de politique. Une vie dense, où le jeune adulte rencontre simultanément, dans les dures années 30 et 40, l'exaltation de la découverte mathématique et celle d'un engagement citoyen qui le conduira du trotskisme au soutien aux sans-papiers, en passant par la lutte contre la torture en Algérie.
Bourbakiste. Né en 1915 dans une famille d'intellectuels de haut vol: un père chirurgien, un oncle mathématicien et cet autre oncle, le Pr Robert Debré cofondateur de l'Unicef. C'est au moment du Front populaire qu'il voit sa trajectoire basculer. Elève de l'Ecole normale supérieure, il entre en même temps en bourbachie et en politique. La bourbachie, c'est ce groupe de jeunes turcs des maths fondé par André Weil, Henri Cartan et Jean Dieudonné qui se fixe une triple mission salvatrice. Extirper les maths françaises de la stagnation d'après-guerre, digérer les avancées réalisées dans la sphère scientifique allemande dans les années 20, rédiger un traité d'une ambition démesurée : refonder les mathématiques. Dans ce groupe, deux jeunes prodiges : Jean-Pierre Serre et Laurent Schwartz, futurs médaillés Fields, équivalent à un Nobel des maths qui se gagne avant 40 ans (1). Aux réunions joyeuses des