«Ma femme et moi, on fonctionne par coup de foudre.» Paul et Nelly, 54 et 49 ans, deux enfants déjà grands, sont professeurs de lettres en collège. Ils cherchaient le calme et les chants d'oiseau, rêvaient d'une maison où recevoir bientôt leurs petits-enfants. L'annonce parue en octobre 2001 les a séduits : «Maison en pierre à l'orée d'une forêt de 350 hectares. Dans un cadre de rêve sur 3 000 m2, six pièces à réhabiliter entièrement.» Ravis, ils déboursent 122 000 euros pour l'acheter, et autant pour les travaux. S'engagent dans un crédit de 91 000 euros. «Cette maison, c'est un songe, une folie.» Les murs fleurent le vieux bois. Par la fenêtre, l'horizon et rien d'autre. Un petit coin de paradis à Salins, en Seine-et-Marne, à une heure de Paris. Prudent, Paul téléphone à l'aéroport d'Orly avant d'acheter : «Je ne voulais pas d'avions qui cassent le silence. Aucun risque, m'a-t-on répondu.»
Version officielle. L'ouverture de nouveaux couloirs aériens, le 21 mars 2002, a changé la donne. Pour Nelly, leur cadre de vie s'est dégradé, les avions lui vrillent les oreilles. Quand Paul appelle l'aéroport, on lui martèle la version officielle : le trafic aérien n'entraîne aucune nuisance sur Salins. «On s'est fait traiter de fous. Moi j'avais l'impression d'entendre l'orage.» «Breton d'origine, et têtu», Paul rappelle régulièrement l'aéroport. Jusqu'au jour où un technicien de la DGAC (Direction générale de l'aviation civile) lui confirme qu'une déviation au-dessus de Salins, de 7 k