Costume sable et chewing-gum à la bouche, vendredi, celui qui a «pacsé il y a un an avec le plus ancien pré-humain connu» était nerveux. Michel Brunet, à la tête de la mission paléo-anthropologique franco-tchadienne, présentait à Poitiers le crâne de l'heureux élu à la presse française. Ou plus exactement sa copie parfaite. L'original est dans un lieu tenu secret. Un doigt dans une de ses orbites, il ne l'a pas lâché des mains. Pas même pour le poser sur le pupitre devant lui. Michel Brunet a ramené Toumaï, 7 millions d'années, le matin même de N'Djamena, au Tchad. Bien protégé dans une sacoche rembourrée.
Il était à sa recherche depuis une bonne vingtaine d'années. Loin du berceau Est de l'humanité. A 2 500 kilomètres à l'ouest du Rift, à 1 000 kilomètres de la capitale tchadienne. «40 kilomètres de goudron, puis un peu de piste, et ensuite plus rien.» Du sable à perte de vue. «On s'est mis loin de la vallée du Rift, sinon on m'aurait dit "en voilà un qui s'est égaré"», a rappelé Michel Brunet. Et puis, le 19 juillet 2001, Ahounta, licencié ès sciences naturelles de l'université de N'Djamena, élu «meilleur chasseur de fossiles» par le professeur, est tombé dessus. «Avec mes collègues, on lui avait dit, "c'est toi qui trouveras", raconte-t-il. Il a trouvé au moins la moitié des restes à lui tout seul.» Ensuite, Michel Brunet et la copie du crâne de Toumaï ont fait le tour du monde et le tour des labos des plus éminents paléontologues. Expertises, comparaisons, scanners, relev