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Libération

Vestiges de vies d'avant Vel' d'hiv

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Gare Saint-Lazare, des photos d'enfants juifs déportés sont exposées.
publié le 16 juillet 2002 à 0h25

Des photos d'enfants sages, leurs noms, les dates de naissance et le numéro du convoi. Le gamin, débordant de fierté, brandit son prix d'excellence, un énorme livre. Quelques explications : «Au centre de la photo, Marcel Borensztajn, qui avait 10 ans. Il était né à Paris, habitait 15 rue du Buisson- Saint-Louis dans le Xe arron dissement. Sa mère a été séparée de lui à Pithiviers et déportée par le convoi n° 14. Il l'a suivi par le convoi n° 24 du 26 août 42.»

Pétrifiée. Depuis le 5 juin, le grand hall de la gare Saint-Lazare héberge l'exposition itinérante «Les enfants juifs déportés de France», conçue par Serge Klarsfeld et son association Fils et Filles des déportés juifs de France. 11 600 enfants juifs sont morts en déportation. Les vestiges de leur vie brève sont là. Il y a les visiteurs qui savent à quoi s'attendre. Et les autres, de passage, entre soldes parisiennes et départs sur la côte normande. Une dame fait un tour, en attendant son train pour Montigny-lès-Cormeilles (Val-d'Oise). Contrariée : «J'arrive de la tombe de ma fille à Pantin. On m'a volé les pots de géranium.»

Elle réapparaît dix minutes après, sa carte d'identité à la main. «Regardez, je suis née au 65 rue Damrémont, elle habitait au 55.» Elle, Marguerite Jankélévitch, une amie de classe, prise avec son petit frère et sa mère. «Elle m'était sortie de la mémoire. J'allais jouer chez elle. Un jour, il y en avait qui ne venait plus en classe.» Elle pose ses sacs, essuie ses larmes, a oublié l'heure de son