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Libération

Le Savu, les urgentistes de la justice

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A Valenciennes, depuis début juin, un service d'aide épaule les victimes.
publié le 22 juillet 2002 à 0h28

Valenciennes correspondance

Jusqu'à trois heures du matin, Anne et Habib vont veiller. Pour épauler, juste après le traumatisme, les victimes d'une agression, d'un cambriolage, les proches d'un accidenté. A Valenciennes, c'est la permanence de nuit du nouveau Service d'aide aux victimes d'urgence (Savu). Il existe depuis un peu plus d'un mois, et déjà 110 dossiers traités. Le téléphone portable sonne, l'officier de quart du commissariat signale un cas d'agression. Il est 21 h 20 : dix minutes plus tard, l'équipe est sur place. L'homme a les mains tremblantes et une ecchymose à la pommette. Le résultat d'une bagarre : il vient de déposer plainte pour coups et blessures. Anne et Habib le prennent en charge, en douceur. Direction le cabinet médical du commissariat : la pièce est paisible, à l'écart des éclats de voix et des cliquetis des claviers. A peine assis, l'homme explose contre son agresseur : «J'vais le tuer, ce gaillard, j'déprime à fond, ça fait six mois que ça dure !» Conflit récurrent, troisième plainte, il est à bout de nerfs. Anne et Habib le laissent vider son sac, le recadrent. «Vous avez fait la bonne démarche aujourd'hui, il est en garde à vue, vous pouvez dormir tranquille.» Peu à peu, l'homme se calme, livre son angoisse des représailles. Habib donne les solutions juridiques, explique ce qu'est la constitution de partie civile, pour porter plainte ; Anne joue sur l'affectif : «Pensez à votre fille, à votre petite-fille.» L'homme abandonne ses envies de vengea