Paul Pontonnier n'y croit pas. «C'est pas à mon âge qu'on va me faire croire qu'une montagne s'écroule», rigole-t-il. Et pourtant. Quelques centaines de mètres au-dessus de chez lui, un bloc de trois millions de mètres cubes menace de se détacher et de tomber sur le hameau de l'Ile-Falcon. Selon les experts, la catastrophe pourrait se produire «d'ici à une dizaine d'années». En 1997, en application de la loi Barnier sur les risques naturels majeurs, il a été donc ordonné l'expropriation des 300 habitants du hameau. Beaucoup sont partis. Mais il reste encore aujourd'hui une vingtaine d'irréductibles qui, comme Paul Pantonnier, n'entendent pas quitter les lieux.
Il y a quelques années, l'Ile-Falcon était un hameau animé. Situé dans le fond de la vallée de la Romanche, sur les contreforts du massif de l'Oisan, il s'est développé dans les années 70 avec l'arrivée de nombreuses familles, la plupart venues de Grenoble. Elles y ont fait construire des pavillons et des lotissements. Une école a été ouverte. En moins de vingt ans, l'ancien hameau rural est devenu un îlot résidentiel pour ex-citadins. Aujourd'hui, l'Ile-Falcon ressemble à un village fantôme. La plupart des maisons ont été détruites. Ne restent que des portails rouillés et des murets qui n'entourent plus que des terrains vides. Désormais, des vaches paissent devant la cour de l'école. Et des essaims d'abeilles se sont installés dans les boîtes aux lettres abandonnées.
«Foutaises». Au milieu de ces enclos