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Libération

Génétique : la petite molécule qui monte

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Dérivé de l'ADN, l'ARN interférent pourrait ouvrir des perspectives thérapeutiques immenses.
publié le 13 août 2002 à 0h39

Son nom n'est encore connu que des seuls spécialistes. Mais il ne lui reste au mieux que quelques mois à vivre dans l'anonymat. Ce week-end, sa photo était déjà à la une du quotidien britannique The Independent, et le généticien Axel Kahn parie que le magazine scientifique Science le sacrera «molécule de l'année» en décembre. L'ARN interférent «est la grande affaire biologique du moment, assure Axel Kahn, son universalité apparaît un peu plus chaque semaine. Nous sommes dans la phase ascendante de prise de conscience du phénomène». Cette petite molécule dérivée de l'ADN se révèle capable à elle seule de neutraliser un gène et présente aux chercheurs «l'orée d'un nouveau monde» biologique. Celui qu'ils ont ignoré pendant des années : le monde de l'ARN qui ne transforme aucun gène en protéine, alors que l'on a cru pendant des années que seul l'ARN qui servait à produire des protéines était utile. Or, pour Axel Kahn, l'ARN interférent est sans doute «le plus ancestral moyen de lutte contre les agents infectieux, un des mécanismes fondamentaux de la vie». Les vertébrés ont abandonné ce système de défense archaïque depuis un bout de temps au profit des anticorps et des interférons, mais les chercheurs aimeraient le remettre au goût du jour. Entre autres pour en faire une thérapie de pointe.

Tubes à essais. Aux origines de la vie, ces petits ARN venaient se coller aux ARN viraux, neutralisant ainsi les virus. Les plantes et les invertébrés s'en servent toujours ainsi. Chez les huma