Le ministère de la Défense vient de trancher. Il n'y aura pas d'analyse ADN de Napoléon, dont le corps est conservé au musée de l'Armée. La polémique est ancienne : le cadavre des Invalides est-il bien celui de l'empereur ? N'y aurait-il pas eu substitution, afin d'éviter qu'une autopsie ne révèle son empoisonnement à Sainte-Hélène ? L'ADN aurait pu clore le débat. Dans un courrier du 26 juillet, le ministère justifie pourtant son refus au motif que «les théories qui remettent en question l'identité du corps inhumé dans le porphyre des Invalides ne revêtent pas, pour l'instant, un caractère suffisant». Pour l'instant.
Idolâtrie. La thèse a longtemps été portée par des historiens amateurs, comme souvent en la matière. Principalement Georges Rétif de la Bretonnerie, en 1969. Ce photographe avait bien travaillé son affaire, mais son style lyrique empreint d'idolâtrie n'a guère contribué à le crédibiliser. Son livre est intitulé Anglais, rendez-nous Napoléon ! (éd. Jérôme Martineau). Il commence par ces mots : «Messieurs, l'Empereur !» L'an dernier, un autre historien non académique, Bruno Roy-Henri, juriste, a repris et complété la thèse dans L'énigme de l'exhumé de 1840 (l'Archipel), avec un style plus conforme à la tradition universitaire. Au point d'interpeller des historiens institutionnels comme Jean Tulard (1) : «Il y a des faits troublants mais jamais une preuve formelle qui emporterait l'adhésion.» Dans le doute, lui-même en appelait à l'ADN : «Tout le reste est inutile.