«On s'aime.» Ce furent leurs derniers mots, leur dernier cri. Tout ce qu'ils avaient à dire à leurs proches. Les seuls mots d'explication qu'ils avaient à délivrer, le plus bref des testaments : «On s'aime.» Donc, on se tue. La mort à deux. Par excès d'amour ? Parce que leur amour était impossible, interdit, mal vu, contrarié ? Par crainte que la vie (la famille, l'avenir) vienne lézarder leur histoire ? On ne saura jamais tout. On supputera, on cherchera des raisons. Le suicide nous met mal à l'aise, le suicide de deux amoureux fascine autant qu'il effraie. Tandis que les familles, les proches pleurent leurs proches, les mythes suivent leur cours. Tristan et Yseult, Roméo et Juliette, tous ces amoureux du théâtre japonais qui se donnent la mort par amour. On pense à ces romances, à cette rose qui pousse entre les tombes des amants. Mais aussi à des êtres de chair et de sang. Comme l'écrivain allemand Heinrich von Kleist et Henriette Vogel qui décidèrent de mourir ensemble mais avant écrivirent des lettres plus bavardes. C'est un fait divers de fin d'été, saison où s'achèvent habituellement les amours de vacances. Eux s'aimaient d'amour fou.
Source. Ludovic avait 24 ans, Laetitia n'avait que 16 ans. Il habitait Magnac, une commune du canton de Ruelle-sur-Touvre dans la région d'Angoulême, bourgade de 7 500 habitants connue par son usine d'armement, sa rivière (la Touvre), sa source. C'est là que demeurait Laetitia. Dans cette bourgade trop grande pour que tout le monde se con