«On ne peut que rêver d'un deuxième Saint-Bernard», s'enflamme Saïd Bouziri de la Ligue des droits de l'homme. Il y a tout juste six ans, les CRS défonçaient à coups de hache le porche de l'église parisienne occupée. Fût-il brandi par tous, le souvenir de la mobilisation exemplaire qui culmina en août 1996 pourrait ne pas suffire à raviver un mouvement assoupi par des années de gouvernement socialiste.
«La lutte s'est essoufflée», constate Michel Clément, militant de la coordination 93. «L'opinion a été endormie par Lionel Jospin», poursuit-il, faisant allusion à la circulaire Chevènement de 1997 qui a pourvu de papiers quelque 80 000 demandeurs. Un an plus tard, la loi Réseda ouvrait une nouvelle voie de régularisation, au titre de «la vie privée et familiale». «De la poudre aux yeux. Le débat a été étouffé, mais le problème demeure.» Et Saïd Bouziri de renchérir : «Le but de la gauche était bien de casser la mobilisation populaire.» Même les soutiens traditionnels de la cause des sans-papiers, PC et Verts, ont été muselés par leur participation au gouvernement. «Ministre, Marie-George Buffet ne s'est jamais déplacée», raille Michel Clément. Mardi, la secrétaire nationale du PCF a rendu visite aux sans-papiers de Saint-Denis.
La mobilisation actuelle bute également sur la confusion entre demandeurs d'asile, sans-papiers et déboutés du droit d'asile. La complexité n'est pas fédératrice. Pas davantage que l'amélioration relative de la situation des sans-papiers, constatée par L