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Libération

Les marins du «Winner» portent plainte après l'arraisonnement

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Les soldats français avaient tiré et blessé l'un d'eux.
publié le 26 août 2002 à 0h44

Le 13 juin, trois jours avant le second tour des législatives, la Marine nationale française arraisonnait le Winner. Ce cargo battant pavillon cambodgien était soupçonné d'avoir chargé deux tonnes de cocaïne au large du Venezuela et de s'apprêter à les livrer en Espagne. Cette opération en haute mer, au large de l'Afri que, a été directement suivie par le nouveau Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, qui avait donné lui-même l'ordre de canonner le cargo.

Dès le 19 juillet, Libération révélait que cet arraisonnement avait été précipité pour des raisons vraisemblablement électorales et que l'édifice juridique sur lequel il reposait risquait de s'écrouler. De même, les conditions de rétention de l'équipage durant deux semaines risquaient d'être remises en cause. Vendredi, les avocats français des marins du cargo ont déposé une plainte à Brest, pour «atteinte au droit à la liberté et à la sûreté».

Des cassettes vidéo de l'abordage, enregistrées par la Marine nationale, avaient été distribuées aussitôt aux télévisions et l'opération était présentée comme le premier grand succès du nouveau gouvernement. De nombreux coups de feu avaient été tirés par les fusiliers marins, et un membre de l'équipage, Manuel Marino Carracedo, 69 ans, avait été blessé. Pourtant, aucune arme n'avait été trouvée à bord et seule une caisse contenant 80 kg de cocaïne avait pu être récupérée.

Le marin blessé, conduit dans un hôpital de Dakar, est décédé fin juillet dans des conditions encore mystérieuses. L