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Libération

Le tribunal ne veut pas juger les No Border et les libère

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Il se dit incompétent après une occupation à Strasbourg.
publié le 27 août 2002 à 0h45

Strasbourg envoyées spéciales

Cernes, yeux rougis, vêtements défraîchis : dix-sept personnes s'entassent dans le box des accusés de la cour d'assises : la chambre correctionnelle réservée aux comparutions immédiates n'est pas assez grande pour les accueillir. Ils ont entre 21 et 38 ans, étudiants, chômeurs ou salariés vivant de petits boulots, ils comparaissent pour délits de «violation de domicile» et «séquestration». Les No Border, ces militants antimondialisation hostiles aux frontières, à l'«Europe de Schengen» et aux centres de rétention sont poursuivis pour avoir occupé une antenne administrative du ministère de la Justice à Strasbourg avant d'en être délogés par les policiers du GIPN moins de trois heures plus tard.

«Coup d'arrêt». L'occupation, aux dires de tous les témoins, fut pacifique, et l'ambiance assez détendue. Mais le procureur Philippe Vannier veut une sanction exemplaire ­ quatre mois d'emprisonnement dont trois avec sursis ­ afin de «porter un coup d'arrêt à ce genre de comportement préjudiciable pour l'ordre public». Il ne sera pas suivi : le tribunal s'est déclaré incompétent, estimant que le chef d'accusation de «séquestration», choisi par le parquet, ne relevait pas de la correctionnelle : c'est un crime, passible des assises.

Profitant de ce cafouillage judiciaire, les 17 jeunes, qui avaient du mal à comprendre ce qui leur arrivait («ça veut dire qu'on va passer aux assises ?» «Bon, alors là, on est libres ou pas ?»), ont été remis en liberté en attenda