La cuisine sent le café chaud, les pâtes qui cuisent. On y refait le monde entre pensionnaires du foyer de l'association Concorde de Gagny (Seine-Saint-Denis) qui accueille jusqu'à une vingtaine de jeunes en difficulté, encadrés par une douzaine d'éducateurs. Francis, Mamadou, Floris, Bouba, Deo sont assis sur un radiateur ; causent argent de poche «8 euros par semaine, c'est que dalle». La vie est dans les murs de cette pièce au carrelage blanc et noir. Parmi les odeurs domestiques, les histoires qui s'y racontent. «C'est un endroit stratégique», affirme un éducateur. Bouba grille les steaks. «Ici, c'est le foyer pâtes-riz», rigole le «colonel Doudou», 18 ans, en transvasant les nouilles fumantes dans la passoire. Un jeune en interroge un autre : «C'est à cause des bêtises que tu es là ?» «C'est parce que je baisais trop.» «C'est vrai ?» «Mais non, c'est parce que j'étais seul à la maison.»
Mixer. «Tous les jeunes accueillis ici ont fait l'objet d'une décision d'un juge pour enfants», explique Gérard Pringault, directeur général des foyers Concorde. L'association gère dix établissements en Seine-Saint-Denis. Les pensionnaires sont âgées de 8 ans à une vingtaine d'années. Ils peuvent être en attente de jugement pour un vol et des violences. D'autres sont sans papier, sans famille ou en conflit avec leurs parents. L'objectif est le même pour tous. «Permettre à ces jeunes de vivre de façon digne en ayant des projets, dit Gérard Pringault. C'est important de mixer leurs d