Menu
Libération
Portrait

De Phnom Penh à Saint-Denis, un curé-orchestre

Article réservé aux abonnés
Le père Bernard Berger aura été très actif lors de l'occupation.
publié le 31 août 2002 à 0h48

Tous les jours, il en voit des centaines. Mais ce matin, il en cherche un en particulier. Jeudi, Bernard Berger, le curé de la basilique de Saint-Denis, doit accompagner un Cambodgien sans papiers à la préfecture de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Il l'aide à constituer un dossier. Mais l'homme s'est évanoui dans la nature. Berger pense qu'il a eu peur, de la foule, des policiers.

Enfin, il remet la main sur «son» Cambodgien. Au guichet, l'affaire se règle en un quart d'heure. Le curé a glissé un papier à en-tête du diocèse. La préposée de la préfecture le dévisage, sourit. En sortant, le prêtre lâche : «Chapeau ! J'ai connu pire !» Dans le tramway, il avoue son inquiétude. Il ne dort pas bien. A la basilique, les gens affluent de plus en plus nombreux. Le curé râle contre les organisateurs de la coordination. Il ne les trouve «pas très organisés» : «C'est un peu le premier qui trouve un haut-parleur qui l'emporte.» Ce matin, au petit jour, les royalistes ont cadenassé les grilles. Plus tard, un bébé est tombé par terre. Le prêtre a peur d'un accident. Et quand le Samu passe, il souffle : «J'espère que ça ne vient pas de chez moi.»

«Calmez-vous». Le père Berger est un type qui ne fait pas son âge. Il porte un blouson bleu. A 68 ans, il n'arrête pas de marcher vite, de répondre à son portable, de parler à tout le monde, de rire. «Il a l'humour des gens des faubourgs, ça aide à supporter les misères», concède un proche. Il saute de l'inspecteur des RG ­ «vous êtes moins inquiet que