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Libération
Interview

«L'âge d'or n'a jamais existé»

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Denis Paget, syndicaliste Snes-FSU, n'est pas pessimiste.
publié le 5 septembre 2002 à 0h52

Cette année encore, plusieurs livres d'enseignants dénoncent les «naufrages» de l'enseignement (1), notamment en français. Largement excessif selon Denis Paget, professeur de français en lycée et secrétaire général du Snes-FSU (majoritaire dans le secondaire), qui avait pourtant mené la charge contre Claude Allègre, accusé de vouloir alléger les programmes.

Pensez-vous que le niveau, notamment en français, a «baissé» ?

On n'en sait rien. Il n'existe pas d'instrument de mesure rigoureux pour l'affirmer. Même la comparaison que cite Luc Ferry à partir du certificat d'études de 1920 est tronquée : à l'époque, les instituteurs ne présentaient que leurs meilleurs élèves à l'examen. En revanche, les tests réalisés lors des journées d'appel de préparation à la défense montrent que 90 % des jeunes n'ont pas de difficulté majeure et que 60 % ont une compréhension fine. C'est exactement la part d'une classe d'âge qui obtient le baccalauréat !

Beaucoup d'enseignants sont pourtant choqués par une moindre maîtrise de la langue par les élèves. Rêvent-ils ?

Non. Il est vrai qu'on attache moins d'importance à l'orthographe, à la syntaxe, à la mémorisation. Et cela pose un problème. Mais n'en restons pas là : disons aussi que dans d'autres domaines, les élèves sont meilleurs. C'est vrai en mathématiques. Vous noterez que les professeurs de sciences se plaignent beaucoup moins que leurs collègues de lettres.

Fait-on moins de place à la littérature ?

Je n'ai jamais rencontré un professeur de lettres