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Libération

«Plus de 200 pages, et c'est la révolte»

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publié le 5 septembre 2002 à 0h52

«On demande en début d'année : "Aimez-vous lire ?" Les réponses sont systématiquement négatives. C'est déprimant», reconnaît une professeure de lettres échouée dans un établissement «sans problème» de Seine-et-Marne. Alors, elle impose. Cinq livres. Un élève de Villemomble (Seine-Saint-Denis) a écrit sur sa fiche : «Moi, j'aime bien lire, mais que les choses qui me plaisent.» Chloé Brunet, toute neuve dans le métier, l'a rassuré : «Moi aussi.» Elle l'a amadoué avec Agatha Christie, il n'a pas apprécié le Misanthrope de Molière. En fin de seconde, certains admettent qu'ils ont aimé ce qu'on leur a imposé. «Et ils ajoutent que s'ils n'y sont pas obligés, ils ne liront rien d'autre», précise Claudine Bonnetin, en poste à Saint-Quentin (Aisne). Des bataillons d'adolescents ont beau leur signifier, rentrée après rentrée, une tranquille aversion du «livre», les professeurs de français n'abandonnent jamais l'espoir de leur insuffler d'abord le plaisir de lire, puis le désir de recommencer.

L'idéal : six livres par an. Le programme de français de seconde, en vigueur depuis septembre 2000, énonce : «Le but essentiel est de faire lire beaucoup. Donner des références, offrir à ceux qui en manquent un accès aussi large que possible à l'héritage culturel exige des lectures nombreuses et diversifiées. L'objectif estimé à six oeuvres au moins par année est à regarder comme un idéal qui ne demande qu'à être dépassé.» Le cadre imparti est large et contraignant : XIXe et XXe siècles principale