Jean-Marc Boissier ne se sent pas coupable. Il refuse de se lever devant le président, grommelle : «Je ne relève pas de la cour d'assises.» Une jeune fille de 24 ans est morte dans l'incendie qu'il a déclenché à Paris le 3 juin 2000 mais «ça n'a rien à voir». Pendant ses trois jours de procès, l'accusé se prend pour la victime de tout et de tous. D'une femme surtout.
Peut-il être criminel, lui, qu'une soixantaine d'attestations d'amis et de professeurs décrivent comme «droit» «bien élevé», «courageux» ? En février 2000, il a 32Êans, et fini son DEA de droit fiscal à la faculté d'Assas, a un «excellent travail». Il a arrêté de militer au Front national depuis cinq ans ça lui avait créé des «ennuis» et maintenant tout va bien. Boissier croit même avoir rencontré la femme de sa vie. Elisabeth étudie avec lui, jolie bourgeoise du XVe arrondissement.
L'histoire d'amour n'a duré que quinze jours, mais Jean-Marc Boissier n'accepte pas qu'elle se termine. «Blessure narcissique intolérable», souligne l'expert psychiatre. Elisabeth finit par lui avouer qu'elle l'a quitté en raison de son antisémitisme et de ses lectures néonazies. Elle a eu, avant lui, un amant juif, elle le lui dit.
Messages orduriers. «C'est à ce moment que l'enfer a commencé», témoignent les parents de la jeune fille. Le début d'une «escalade» selon Philippe Bilger, l'avocat général, dont «l'ultime rebondissement» est la mort d'une inconnue. Lettres d'insultes racistes et machistes, messages orduriers au téléphone