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Libération
Reportage

«Ca ne devait pas arriver»

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Derrière ses deux digues, Aramon, près d'Avignon, se sentait en sécurité. Lundi soir, la crue y a fait au moins 4 morts.
publié le 11 septembre 2002 à 0h56

Aramon (Gard) envoyé spécial

A Aramon, 14 kilomètres au sud d'Avignon, on ne s'attendait à rien, lundi soir. Malgré les pluies diluviennes du week-end, malgré les inondations partout alentour. Geneviève la coiffeuse raconte qu'elle s'installait devant la télé pour voir un feuilleton au nom de fleuve, Garonne. Elle ne pensait pas au Gardon, en folie, descendant des Cévennes. Une amie lui a téléphoné de Paris, inquiète. Geneviève l'a rassurée : pas de risque, à Aramon, avec les deux digues, l'une sur le Rhône, l'autre pour protéger du Gardon. Et puis sa mère, qui habite la commune, l'a appelée : «Geneviève ! L'eau ressort par les égouts !»

Sonne le glas. Dans ces cas-là, on dit que «le Rhône n'en veut plus» et comme ça arrive souvent, on ne s'inquiète pas. Geneviève a quand même téléphoné au maire : «Dis, Jeannot, tu pompes ? ­ Si je pompe ?, a-t-il répondu. Mais ma pauvre Geneviève, y a pire que ça : l'eau est passée au-dessus de la digue !» Vers 20 h 30 ou 21 heures, la mairie a fait sonner la cloche, pour prévenir. Trop tard. Une dame soupire : «Le glas ? Je ne l'ai pas entendu. Je regardais les inondations à la télé.» Quelques minutes plus tard, l'eau rentrait chez elle. Chez Geneviève, les flots n'ont rien demandé : «J'ai une barre à la porte, l'eau m'a cassé la porte. Je suis partie au galop. Comme ça. Sans rien.»

Lentement, sans grand débit, l'eau est montée jusqu'à trois mètres par endroit. Le Rhône en crue empêchait le Gardon en crue de se déverser, le Gardon s'est retou