C'est le procès d'une personne juridiquement présente mais physiquement inexistante qui s'est ouvert hier à la cour d'assises de Paris. Liliane Kazkaz, née Preud'homme, est morte le 4 novembre 1995. Et c'est bien elle qui était renvoyée devant la cour pour la tentative de meurtre par empoisonnement sur sa fille Caroline. Même si la cour a rapidement «constaté» son décès, elle a été omniprésente durant cette première journée de procès. Le docteur Haitham Kazkaz, son mari, comparaît libre, accusé de complicité d'empoisonnement, de faux et usage. Hier, il est resté dans le rôle qu'il tient visiblement à tenir : l'homme effacé devant une femme volontaire et autoritaire.
«Syndrome de Munchausen». Juridiquement, l'affaire commence le 3 septembre 1990, dans le bureau du professeur Saudubray, à l'hôpital Necker-Enfants malades de Paris. Il vient de recevoir la mère de Caroline. «Madame, lui a-t-il déclaré en substance, nous avons la preuve que les crises très graves qu'a subies votre fille sont dues à des injections massives d'insuline que vous lui avez administrées à l'insu du personnel médical. Soit vous reconnaissez les faits et acceptez de vous faire soigner, soit je préviens le procureur de la République.» Liliane Kazkaz nie avec la plus grande énergie. Un juge est saisi. C'est la première affaire liée au «syndrome de Munchausen par procuration» (SMPP) connue en France. Hier, le psychiatre Serge Bronstein a expliqué à la cour que le SMPP pousse l'un des parents, la mère dans l'i