Sommières (Gard)
envoyée spéciale
Aline s'excuse de parler tant, mais ça lui fait du bien : «Si vous saviez l'angoisse de cette nuit, sans téléphone, sans électricité, avec toute cette eau qui monte et gronde. Seuls, dans le noir, réfugiés là-haut, à la fenêtre. Avec le bruit des hélicoptères qui tournent au-dessus de votre tête, le bouillonnement de l'eau, des chats qui miaulent, le mur en face qui s'écroule, le portail de Philomène, la voisine, éventré, l'eau qui s'engouffre dans un vacarme énorme, des congélateurs et toutes sortes de choses qui passent. On est redescendus seulement lundi à 20 heures. On avait encore de l'eau jusqu'aux genoux.» Chantal : «J'étais là, assise sur le bord de la fenêtre. Je ne pensais pas que l'eau monterait au premier étage. C'était comme un immense fleuve. J'ai attendu les canots. Il n'en est pas venu. J'ai vu des chars amphibies. Ils m'ont filmée. J'ai posé une table sur une autre. J'y ai fait monter le chien. Je suis montée sur le toit. J'ai vu un hélicoptère. Il m'a hélitreuillée. Je leur ai dit d'aller voir les vieux à côté, mais ils avaient fermé leur fenêtre.» Charles, sapeur-pompier belge à la retraite, campeur : «Ils ne m'ont pas entendu quand je leur ai dit "pliez bagage !". Ils ont cru que ça allait s'arrêter sur l'esplanade, comme tous les ans.»
Vide-grenier. Mardi, la petite ville de Sommières, 4 000 habitants dans le Gard, s'est réveillée sous le soleil. Le Vidourle était rentré dans son lit, encore brun de toute la boue charriée c