Menu
Libération

A Arles, le mas du Rey vit en submersion prolongée

Article réservé aux abonnés
Le domaine ne s'est pas remis des crues «provoquées» de 1994.
publié le 16 septembre 2002 à 1h01

Arles envoyé spécial

Ils ont, encore une fois, les pieds dans l'eau. Les inondations, voici une semaine, ont ruiné leur meilleur blanc et une partie du rouge haut de gamme qu'ils s'apprêtaient à vendanger. Le Petit Rhône a recouvert 3 hectares sur 50. Encore du travail et de l'argent perdus. Mais au mas du Rey, à Arles, on ne baisse pas les bras. Voilà huit ans que Patrick Mazzoleni, 47 ans, et sa mère Dolorès, 72 ans, se battent. Certains pensent qu'ils auraient dû abdiquer depuis longtemps. Pas eux. Dolorès est arrivée à 17 ans de son Italie natale avec son père, riziculteur. Comme simple employée de maison. Puis elle est partie, pour revenir en 1965, avec son mari. Cette fois, elle est propriétaire des lieux. Son époux a acheté pour elle. Mais il est mort trop tôt, en 1977. Pour sa mémoire, Dolorès et son fils ne veulent pas lâcher. Surtout qu'ils estiment avoir le bon sens de leur côté. Car l'Etat a sciemment sacrifié leurs terres pour protéger certains quartiers d'Arles des énormes inondations de janvier 1994.

Nappes salées. Le préfet des Bouches-du-Rhône, dans le cadre du plan Orsec, utilise alors leur domaine comme bassin de rétention. Grâce à une digue provisoire et au bouchage des siphons d'évacuation, le mas du Rey est mis et gardé sous l'eau, volontairement, afin de bloquer la crue. Les Mazzoleni n'y trouvent rien à redire, puisqu'il en va de l'intérêt général.

Tout se gâte ensuite. L'Equipement tarde à déboucher les siphons, la submersion asphyxie et tue les racines