Violée, séquestrée, frappée, obligée de «sucer» des garçons du quartier de la Dalle à Argenteuil et de subir des sodomies, Leïla (1) n'avait que 15 ans à l'époque de ces «tournantes» orchestrées par une «meuf» de la cité. La victime, qui a maintenant 18 ans, a affronté hier ses vingt agresseurs à la cour d'assises des mineurs du Val-d'Oise dans le secret d'un procès à huis clos qui dure deux semaines.
Après quatre séries d'agressions sexuelles entre la mi-décembre 1998 et la fin janvier 1999, Leïla a fini par tout dénoncer et fuir la France. Elle revient, protégée de ceux qui l'ont salie par des hommes en uniforme. Son avocat, Pierre-Olivier Sur, souligne le «paradoxe de la loi du 15 juin 2000». Ce texte «permet aux accusés de comparaître libres, de ne plus se constituer prisonniers la veille de l'audience». Mais «pour éviter que tout le monde se retrouve sur le trottoir devant le tribunal, c'est ma petite victime qui doit arriver une heure à l'avance sous escorte policière et se retrouver dans la souricière». Le passage d'habitude réservé aux accusés qui viennent de la prison.
Face à Leïla, dix-huit garçons jugés pour «viols en réunion» et deux filles pour «complicité», tous dans la dénégation. Au début du procès, Me Jean Chevais a demandé à se constituer partie civile pour l'association l'Enfant bleu, au grand dam de l'avocat de la défense. Me Sur a fustigé l'attitude de son confrère, cet «ouvrier de la dernière heure» qui n'a même pas sollicité l'accord de la victime : «Il